25 avril 1566: Décès de Louise Labé

Louise Labé, grande poétesse lyonnaise de l’Amour, décède le 25 avril 1566 à Parcieux-en-Dombes [Localiser]. Son année de naissance n’est pas connue avec certitude: entre 1515 et 1526 selon les historiens…

Louise Labé - Gravure de Pierre Woeiriot (1555)

Louise Labé – Gravure de Pierre Woeiriot (1555)

Elle bénéficie d’une éducation exceptionnellement progressiste pour l’époque: latin, italien, musique, et même… escrime et équitation ! Entre 1543 et 1545, elle épouse Ennemond Perrin, cordier (fabricant de cordages) comme son père, ce qui lui vaudra le surnom de « Belle Cordière« .

A cette époque, la production poétique française est en plein renouveau, sous l’impulsion de Joachim du Bellay et Pierre de Ronsard. Ses « salons littéraires » accueillent les grands esprits lyonnais ou de passage: Maurice Scève, Pernette du Guillet, Claude de Taillemont, Etienne Dolet… Et même trois futurs membres de La Pléiade:  Jean-Antoine de Baïf, Jacques Peletier du Mans et Pontus de Tyard. Son jardin est d’ailleurs qualifié par Olivier de Magny de « asile préféré des muses ».

Évidemment, elle écrira elle aussi, avec un style d’une finesse et d’une candeur remarquables.

Un poème parmi tant d’autres

Le Sonnet VIII exprime avec une rare justesse la complexité du sentiment amoureux:

Sonnet VIII (Académie de Lyon)

Sonnet VIII (Académie de Lyon)

Ou, en français moderne:

Je vis, je meurs  ; je brûle et je me noie ;
j’ai très chaud tout en souffrant du froid ;
la vie m’est et trop douce et trop dure ;
j’ai de grands chagrins entremêlés de joie.

Je ris et je pleure au même moment,
et dans mon plaisir je souffre maintes graves tortures ;
mon bonheur s’en va, et pour toujours il dure ;
du même mouvement je sèche et je verdoie.

Ainsi Amour me mène de manière erratique ;
et quand je pense être au comble de la souffrance,
soudain je me trouve hors de peine.

Puis quand je crois que ma joie est assurée
et que je suis au plus haut du bonheur auquel j’aspire,
il me remet en mon malheur précédent.

Vous pouvez retrouver toutes ses œuvres sur le site de l’Académie de Lyon.

Homo Sapiens Sapience

Le personne fétiche de Roger Simonetti s’extasie devant un détail du Jardin des Délices [Voir] peint en 1504 par Jérôme Bosch. La folie générale dégagée par ce tableau lui inspire le Vers 11 du Sonnet XVIII (voir anecdotes ci-dessous).

Anecdotes

  • Mireille Huchon, professeur à la Sorbonne, estime que Louise Labé n’a jamais existé et qu’elle ne serait qu’une « créature de papier » inventée par des poètes lyonnais pour incarner sous forme d’exercice de style leur idéal féminin.
  • La Place Louis Pradel [Localiser] accueille deux sculptures de Jean Ipoustéguy en référence à Louise Labé:
    • Une immense fontaine [Photo dynamique] en forme de disque (impossible de la louper !), portant un extrait du sonnet XVIII: Permets m’amour penser quelque folie…
    • Une statue de femme [Photo dynamique] dont le visage se dédouble, allusion aux sentiments antagonistes exprimés par la poétesse.
  • Le premier vers du Sonnet XVIII fait fortement sourire à notre époque: Baise m’encor, rebaise moy et baise, que l’on modernise bien évidemment en Embrasse-moi, embrasse-moi encore et encore.
  • Son Débat de Folie et d’Amour a vraisemblablement inspiré la fable L’Amour et la Folie (Livre XII, Fable 14) de Jean de la Fontaine.
  • La rue Bellecordière, à proximité de Bellecour, lui rend hommage [Localiser]. A quelques mètres, une plaque au niveau du 28 rue du professeur Louis Paufique [Localiser] situe la maison dans laquelle elle a (aurait…) vécu.

Laurent Ajdnik

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4 réponses à 25 avril 1566: Décès de Louise Labé

  1. Y.Pellenc dit :

    Quel plaisir de découvrir ces trésors alors que depuis plus de 20ans je passais à côté de tout cela sans le savoir. Un vrai régal.
    Y.Pellenc

  2. Michel Locatelli dit :

    Bonjour,

    Je suis surpris par la date que vous indiquez pour le décès de Louise Labé. D’après mes recherches, elle serait morte à Parcieux le 15 février 1566, et non le 25 avril comme vous l’indiquez. Je vous signale aussi que la statue d’Ipoustéguy sur la place Louis Pradel, porte sur le socle l’inscription  » En hommage à Louise Labé et Maurice Scève, poètes lyonnais
    Ipoustéguy 1981″. La présence des 2 visages a donc une autre signification que celle d’une dualité de la poétesse. Mais les deux explications sont compatibles.
    Bien cordialement.
    M. Locatelli

  3. Laurent Ajdnik dit :

    Bonjour Michel,

    merci pour ces précisions et pour l’intérêt que vous portez à ExploraLyon.

    Il existe très peu d’informations fiables sur la vie de Louise Labé. Sa date de naissance est ainsi totalement inconnue. Pour la date de décès, plusieurs versions cohabitent. J’ai repris celle qui revenait le plus souvent lors de mes recherches.

    Concernant la statue, elle possède un seul corps, celui d’une femme. Je me réfère à cette explication qui peut certes manquer de fiabilité: « L’inspiration d’Ipoustéguy donna à Louise un corps magnifique, évoquant celui des déesses antiques. De ce corps parfait, se dégage un spectre, matérialisant une seconde personnalité. La poétesse décrivit ses sentiments antagonistes et le plaisir ou la souffrance qu’elle en éprouvait. Ipoustéguy mit en évidence l’ombre qui voile chacun de nous, les multiples visages qui nous habitent… mais qui ensemble façonnent un être unique. » (Source: lyon-online.org)

  4. Marc DUPUY dit :

    Il faut toujours requérir à la poésie pour encenser l’amour !

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